30 novembre, 2005

Extrait "Cette chaleur"

Je me souviens de cet orage, un soir d’automne. Je l’ai entendu gronder au loin. J’ai vu les nuages lourds, noirs, chargés de pluie acide. Sur le moment, j’ai pensé à des roulements de tambour, une musique violente qui débutait par des notes monocordes, répétitives.

Tout se déroula très vite. Les nuages qui avançaient, le vacarme assourdissant du tonnerre, l’eau qui se déversait dans les tranchées. Cette pluie cinglante semblait vouloir purifier la terre du sang de nos camarades.

Soudain, un éclair aveuglant déchira le ciel et frappa de toutes ses forces un pauvre arbre qui errait par là. Le feu se répandit comme de la poudre, embrasant un ciel pleurant des couleurs chaudes et obscènes, défiant l’atmosphère sombre de la nuit.

Nous étions là, mes camarades et moi, bouches bées, fascinés par ce spectacle lancé des étoiles qui nous éloignait des horreurs de la guerre. L’eau ruisselait sur mes épaules, froide, et pourtant j’avais chaud, les yeux fixés sur cet arbre agonisant, les branches craquelées et noircies.

Le tonnerre grondant semblait approuver cet étrange décor, et, pendant de longues minutes, les flammes continuèrent d’en lécher les feuilles jaunies en engloutissant tout sur leur passage.

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