14 mai, 2006

Rupture

- Mais putain, merde, Solène, commence pas à pleurer ! J’en étais sûr ! C’est pour ça que…
- C’est pour ça que quoi ? le coupa t-elle en lui jetant un regard noir.
- Pour rien.
- …
- Non arrête !

Solène pleura de plus belle. Ses épaules étaient secouées de gros sanglots et les larmes coulèrent sur son tee-shirt blanc.

- Mais pourtant on est bien tous les deux…
- Ecoute, tu ne vas pas recommencer… Je t’avais prévenu depuis le début. Tu sais très bien que ça ne peut pas marcher entre nous.
- Pourquoi ? demanda Solène d’une petite voix.
- Tu le sais très bien, pourquoi ! On est différent….
- Mais ça n’empêche pas de s’aimer, la différence !
- Laisse moi finir. On est différent sur une chose fondamentale : tu veux une relation sérieuse, et moi pas. J’ai envie de rencontrer plein de monde, et peut être aussi de faire un voyage.
- Je peux t’accompagner en voyage…
- Non, tu ne peux pas !
- Mais Tom…
- Arrête de m’interrompre ! s’exclama Thomas, excédé. On est différent, tu piges ? On couche ensemble et toi déjà tu construits un château en Espagne ! Tu cherches à te caser, et pas moi, je veux de la baise, tu comprends ? de la B.A.I.S.E ! C’est pour ça que ça ne peut pas marcher entre nous. Putain, Solène, non, arrête…

Solène s’était effondrée. Elle se tenait devant lui, cet homme qu’elle avait aimé de toute son âme pendant trois longues années, à ses pieds, humiliée. Elle avait enfoui sa tête dans ses bras et pleuraient sur ses genoux cagneux. Thomas la regarda d’un air triste et lui dit d’une voix douce :

- Tu m’as forcé. Je suis obligé de te dire les choses telle qu’elles sont pour que tu te rendes compte. Je suis désolé de te faire du mal mais il faut bien que tu comprennes où on en est.
- Mais je t’aimais, moi, je t’aimais, pendant tout ce temps… Tout ce temps.
- Je sais. Tu me l’as souvent dit. Mais au fond de moi j’étouffais. Tu n’as jamais tenu compte de ça. Et là, j’en suis à un point où j’en peux plus. J’ai besoin de souffler, j’ai besoin d’air !
- Tom, pourquoi tu me l’as pas dit avant ? cria t-elle. Ça fait trois ans qu’on est ensemble et tu me dis ça maintenant, à huit heures du soir, comme ça ! T’es entrain de m’achever, là !
- Tu rigoles ou quoi ? Je te l’ai souvent dit. Bon, c’est vrai, pas comme ça, mais tu ne m’écoutes jamais ! De toutes façons, il n’y a rien à faire, on parle pour rien, là. Je crois que je vais faire mes valises et partir.
- Tu as raison, c’est la meilleure des choses à faire. Et ne reviens jamais, tu entends, même si tu as des remords, même si tu te rends compte que je suis la femme de ta vie… Ce sera trop tard !

Thomas soupira et alla préparer ses affaires. Solène continua de sangloter et lui couru après au moment où il ouvrait la porte.

- Tom ! l’implora t-elle en l’attrapant par le bras.
- Qu’est-ce que tu veux ? lui demanda t-il en baissant les yeux.
- Ne pars pas… Tom, ne part pas, s’il te plaît. Reste avec moi… Je t’aime tant…

Elle recommença à sangloter. Thomas la prit dans ses bras et lui déposa un baiser sur le haut de la tête.

- Ne dis rien, Solène.

La jeune fille pleura bruyamment, hystérique, tendant les bras pour le retenir. En vain… Le jeune homme ferma la porte tant bien que mal et dévala l’escalier de cet immeuble où l’air était devenu irrespirable depuis si longtemps.

Solène s’écroula à nouveau et pleura, accroupie, la tête posée sur ses genoux. Elle pleura son amour, ses trois années perdues, son retour à la case départ. Le haut de son crâne où Tom avait posé ses lèvres lui faisait un mal de chien. Son appartement ressemblait à une prison de glace, sombre, inquiétante.

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